samedi 6 septembre 2008


Bien connus des scènes soul parisiennes depuis déjà deux ans maintenant, Lisa Spada et Gaël Maffre, cœur de Third Shot, viennent de terminer l’enregistrement de leur premier album "The Way You Smile When You Leave". Sur scène ou en studio, leurs compositions révèlent un travail soigné et recherché, réalisé par des passionnés, entourés d’une belle brochette de talentueux musiciens ! Focus sur un duo novateur dans lequel s’entrechoquent avec subtilité les univers électro Jazz et l’essence de la Soul…


Pour commencer, pouvez-vous nous présenter le concept de Third Shot? Est ce un groupe, un duo, un collectif ?

Lisa Spada : Ah...Très bonne question. C’est un duo de composition entre Gaël et moi. Gaël est compositeur, aux machines, produit les sons. De mon côté je suis co-compositrice, co-auteur et chanteuse de Third Shot. Ensuite autour de ça viennent se greffer des musiciens sur scène ou en featuring comme sur l’album.

Quand et Comment s'est fait la rencontre musicale ?

Gaël Maffre : ça date d’assez longtemps. Lisa et moi nous somme rencontrés par un biais qui n’a rien à voir avec la musique mais parce que l’on bossait ensemble dans un magasin. Il s’est avéré que comme nous étions tous les deux musiciens, on a commencé à collaborer sur un autre projet électro que j’ai monté il y a quelques années qui s’appelle 175 Workshop. Petit à petit notre collaboration s'est intensifiée et on s'est dit pourquoi ne pas monter un projet parallèle à ce collectif où on travaillerait vraiment tous les deux les sons...D'ou la naissance de Third Shot.

Vos univers sont plutôt différents tous les deux...Lisa, tu es plutôt ancrée dans l’univers Soul et Jazz, Gaël, tu es a la base producteur de musique électronique et contrebassiste...

Gaël Maffre : Je suis avant tout un producteur de musique électronique, bassiste depuis 13 ans et je fais de la contrebasse depuis environ 6-7 ans. On aurait pu faire le parallèle Jazz/Contrebasse mais je ne suis pas du tout un Jazzman en fait. Je fais de la contrebasse parce que j’aime l’instrument, mais je ne suis pas un spécialiste du Jazz…

Alors justement je voulais savoir ce qui vous a plu artistiquement parlant l'un chez l'autre au point de vouloir travaillez ensemble ?

Lisa Spada : C’est complètement imprévisible ce genre de rencontre entre deux univers si différents. À la base on n’est peut être pas fait pour écouter l’une ou l’autre de nos influences respectives. En même temps quand on voit les influences de Gaël, il a lui aussi écouté beaucoup de Jazz, beaucoup de Soul des années 70 comme Sly Stone, de Hip Hop, donc au final les influences se recoupent. Moi aussi de mon côté j’ai écouté Portishead, du Rock, du Jazz...

Gaël Maffre : Oui la rencontre s’est fait naturellement, un peu par hasard. De mon côté, on cherchait des featuring pour mon collectif. Lisa a posé sur quelques morceaux, puis je lui ai fait écouter quelques productions que j’avais et elle en a emmené un nombre assez conséquent.

Gaël et Lisa by Sby Catchavibz
Gaël et Lisa by Sby Catchavibz
Comment se passe la composition ? Mettez vous tous les deux la main à la pâte ?

Lisa Spada : Au niveau de la composition, on travaille ensemble. Jusqu' a présent, Gaël me faisait écouter les prods et je créais les mélodies et écrivait les textes. On a également écrit des textes à deux et Gaël amenait les mélodies. C'est donc vraiment un travail de co-compositeur, co-auteur. Gaël est beaucoup plus axé sur les arrangements musicaux et moi sur les arrangements de voix.

Gaël Maffre : Au final, c’est une interaction. Lisa m’a proposé des productions ou des maquettes qu’elle a pu faire, et sur lesquels j’ai pu développer la prod derrière. Il y a un dialogue qui se fait assez naturellement.

Votre premier album, "The Way You Smile When You Leave" est sorti depuis Juin. Les morceaux sont entièrement écrits en anglais, vous êtes pourtant tous les deux francophones. Pourquoi le choix de cette langue plutôt que le français ? Question de sensibilité, de fluidité ou de crédibilité ?

Lisa Spada : C’est une question qui revient souvent, et c’est normal. Il n’y a aucun snobisme de notre part par rapport au fait que ce soit en anglais. C’est vraiment une question de sensibilité. Quand j écris, cela se fait naturellement en Anglais. Ce n’est d'ailleurs pas paradoxale puisque presque toute la musique que j’ai écouté était en anglais. J’ai énormément d’admiration pour de nombreux artistes francophones, mais pour l' instant, les textes me viennent en anglais. Je trouve que ça sonne mieux, en tout cas dans ma voix, mon instrument, quand je m’exprime sur ce type de musique. J’ai également une grande passion pour la culture anglo-saxonne.

Gaël Maffre : Moi j’ai toujours adoré la langue à la base. J’ai également fait des études d’anglais, j’ai donc quelques affinités avec celle-ci. De plus, le fait de choisir l’anglais pour un album en 2008 ne me semble pas incohérent. Et puis, c'est aussi une manière de toucher un public plus large. Aujourd’hui, il y a beaucoup de gens qui comprennent l’anglais, ce n’est pas forcément se fermer au public français que de faire cela. Ce n’est pas non plus tourner le dos à notre culture française. C’est juste un choix, qui est plus esthétique qu'autre chose.

Un album avec des titres français, un jour peut être ?

Lisa Spada : Oui pourquoi pas !

Gaël Maffre : Ce n’est pas un projet dans l'immédiat mais ce n’est pas du tout exclu. On pourrait écrire nos textes en français, ou même en Italien, un clin d' œil aux origines Italienne de Lisa. Mais nous ne sommes pas du tout fermer en tout cas...

Avec qui avez vous travailler pour la réalisation de l’album ?

On a enregistré essentiellement avec les musiciens qui nous ont accompagnés sur scène depuis deux ans maintenant. On a travaillé avec Christophe Mondot qui est le pianiste et qui a posé un rhodes sur un morceau, avec Laurent Avenard, guitariste, avec Vincent Echard trompettiste. On a également travaillé aux chœurs avec Ulrich qui est un peu partout en ce moment (Rachel Claudio...), Nelly Stanislas et Camille Richard.

Avec un peu de recul, comment percevez-vous la sortie de ce premier album ?

Lisa Spada : L’album n’est pas vraiment sorti. Il est disponible. On se donne quelques mois pour trouver un label, pour avoir une structure autour de nous. Mais sinon, dans le cas contraire, on fera quand même quelque chose de cet album .On travaillera de manière indépendante avec des labels numériques et ainsi de suite. On cherche d' abord à avoir une démarche "officielle"...
Pour revenir au recul, ce n’est pas facile pour un artiste de juger son travail, c’est un exercice difficile. Pour donner un exemple, on nous demande en ce moment un texte de présentation de l'album pour la promo mais c’est difficile pour un artiste de le faire lui même...

Gaël Maffre : Même rétrospectivement, je ne sais pas si c’est à l’artiste de juger son travail, en tout cas s’est difficile…

Lisa by Stella-K
Lisa by Stella-K
Lisa Spada : Autant sur scène on a une présentation plus "traditionnelle" du projet avec des partis pris plus acoustique, avec beaucoup de voix, autant l’album à un parti pris beaucoup plus original car plus électro. Je dirai que sur scène on est beaucoup plus dans mon univers, tandis que dans l’album on est plus dans celui de Gaël. Et donc à chaque fois il y a vraiment ces deux mondes qui se croisent...

Gaël Maffre : Au final, il y a toujours ces deux sphères qui finissent par se recouper en permanence, à différentes étapes du processus et donc c'est assez intéressant de pouvoir proposer un point de vue de notre univers sur scène, et de montrer un autre point de vue dans l’album.

Lisa Spada : Sans comparaison qualitative aucune, si on prend par exemple les albums de Jill Scott, on voit que sur scène c’est totalement différent que sur ses albums dans lesquels on trouve beaucoup d'arrangements électro. Personnellement, cela m'a beaucoup aidé en studio d’avoir des arrangements très épurés, car il m'est difficile de chanter en studio comme je chante sur scène. Du coup, cet écrin, très onirique, très flottant et ambiancé m’ont permis de poser ma voix encore différemment que sur scène. L’énergie n’est pas la même sur scène car je suis par exemple encadré par la batterie etc..., et çà me fait chanter encore différemment. Je sais que pour beaucoup de gens qui ont l’album, ils ont besoin de l’écouter plusieurs fois car à chaque écoute, ils y découvrent de nouvelles couches.

Y a-t-il quand même une promotion de l’album ?

Lisa Spada : Vu que l’album n’est pas sorti mais disponible, la promotion se fait essentiellement sur internet. On communique aussi sur le fait qu’on recherche un label ou un tourneur. Donc au final notre promotion se fait surtout par les scènes. Le 27 Septembre nous serons à la Soul Nation à l'Opus, le même après-midi nous avons une interview prévue chez Radio Aligre pour l'émission Jazzbox et le 1 er Octobre nous jouerons à la Dame de Canton avec Akoma Aya en première partie. Donc la promotion se fait essentiellement par le biais de la scène. Si on trouve un label, on espère que l’on fera une belle promo, complète, avec tous les outils.

On vous décrit comme un groupe d’Electro Jazz et Soul pas vraiment comme les autres, qu'est ce qui fait votre spécificité selon vous ?

Lisa Spada : La rencontre entre nos deux univers est le cœur même de notre projet. C’est la rencontre entre une personne qui vient de la Soul et l’autre non. On a effectué un dosage qui fait que les deux sont bien mis en avant. Personnellement je ne me suis jamais sentie aussi bien que depuis que je chante les compositions de Third Shot. J’ai découvert plein de couleurs dans ma voix, pleins de choses. Ce qui est génial, c'est qu’on évolue aussi tous les deux dans des projets totalement différents où chacun peu s’éclater complètement dans la Soul ou le gospel, l’autre dans l’électro...

Y a t-il des collaborations avec des artistes français prévues ou qui vous intéressent ?

Lisa Spada : On en a pas de prévues, mais qui nous intéressent, il y en a pleins évidemment. Dans les artistes qu’on aime beaucoup et qui nous entourent depuis deux ans, avec lesquels on se renvoie pleins de choses positives les uns les autres, mais qui ne sont pas forcément proches de notre univers, il y a Rony, Oncle Ben, Sandra Nkaké, Akoma Aya qui est un de nos coup de cœur, Nesrine Ghalmi une jeune chanteuse qui a un duo de composition de Jazz et dont on va bientôt entendre parler, Rachel Claudio…

Gaël Maffre : Dans les artistes qui m’intéressent beaucoup, je pense pour ma part à Bibi Tanga & le Professeur Inlassable. Mais bon la liste serait longue...

Vous avez participé à de nombreux événements musicaux qui touchent la scène soul française, notamment parisienne, surtout toi Lisa, comme Soulissime, la Soul nation...Vous sentez vous acteurs de cette scène Soul française qui tend à se développer ? Vous sentez vous porteur d’un message autour de celle ci ?

Lisa Spada : Porteur d’un message, je ne sais pas mais ce qui est sûr, c’est que nous avons envie que les choses bougent. Que ce soit dans ce mouvement là, dans cette communauté là ou autre…Faire bouger la musique en France, les carcans qu’imposent les médias ou les maisons de disques au public. Maintenant comme on le disait, on a beaucoup de complicité avec des artistes de la soul française et on a effectivement participé à beaucoup d’événements. J’ai moi même un projet avec pas mal de chanteur. Donc oui je pense que l’on fait parti du mouvement, et on a envie de croire que les choses bougent.

Gaël by Stella-K
Gaël by Stella-K
Gaël Maffre : On côtoie beaucoup sur scène les artistes cités précédemment qui sont invités ou qui nous invitent notamment en participant aux événements que tu citais, Soulissime, Soul Nation, Soulville… De facto, oui on est acteur de cette scène. Après, est ce qu'on est porteur d’un message, ce serait présomptueux de le dire. Mais je pense que le simple fait d’être acteur et de faire avancer cette scène est un message implicite... Ce qui est intéressant avec ce mouvement, c’est qu’il a un réel potentiel de séduction, qui est assez fort, ce que les médias ne relaient pas souvent. Cela va déjà faire deux ans que l’on évolue sur cette scène et on constate que c’était un milieu un peu fermé qui commence à s’ouvrir. Les gens qui viennent assister aux concerts et qui ne connaissent pas le milieu sortent souvent très contents. Cela veut dire que ce n’est pas seulement un milieu de spécialistes et de personnes qui se côtoient entre elles uniquement...Ca peut intéresser les gens au sens large.

Lisa Spada : Ca peut également intéresser les médias comme on a pu le voir par avec l’article de Stéphanie Binet dans Libération "Le nouveau Souffle de la soul", avec en en tête une grande photo de Sandra Nkaké et la citation de tous les artistes dont on a parlé. Nous avons également eu la chance d’être cité, on faisait en prime la Soulissime, quelques jours après... Enfin c’était génial. Il y a également des gens du Parisien qui s’intéressent a des artistes comme Rachel Claudio, de même que Télérama, Radio Nova ...Il y a quand même au final pas mal de journalistes qui sont au courant et qui sont relayés par certain programmateur comme Manuelle de l'Opus qui est une actrice du mouvement vraiment à noter et qui fait beaucoup de choses. Donc il faut aller de plus en plus loin, on est tous sur la même longueur d’onde, on a tous envie des mêmes choses, faire avancer le mouvement...

Est ce que vous aimeriez vous exporter ailleurs en Europe ?

Gaël Maffre : Sans problème, nous ne sommes absolument pas fermés ! Comme je le disais, le choix de l’anglais participe à cela, on n’a pas de barrière de la langue.

Lisa Spada : On a eu la possibilité de jouer l’année dernière en Italie lors d’un festival de Jazz. La réaction du public était très enthousiasmante. Donc effectivement on en a envie, et on va essayer de s’exporter.

Gaël Maffre : On essaye d' ailleurs de démarcher des maisons de disque en Angleterre, en Norvège, pays dans lesquelles il y a pas mal de labels soul/Jazz avant-gardistes.

Avant d’entrer en studio vous avez eu beaucoup d’expériences live .Est ce que l’expérience de la scène vous a servi pour enregistrer l’album ?

Lisa Spada : Oui, car justement avant j’avais un gros problème avec les studios d’enregistrement. J’ai eu plein d’expériences en studio très stressantes pendant lesquelles j’étais très angoissée. Le fait d’entrer en studio avec mes propres compositions que j’avais en plus chanté pendant un an et demi sur scène m’a facilité les choses. Du coup, nous étions étonnés de la fluidité avec laquelle j'ai enregistré car deux prises seules suffisaient. On me disait: "C’est normal Lisa, cela fait un an et demi que tu chantes tes propres chansons, tu dis ce que tu as à dire ! Pas besoin de plus". Du coup, cela m’a réconcilié avec les studios d’enregistrement ainsi que tout un processus de création qui m’était fermé avant car je n’aimai pas bosser en studio. Là, je pense qu’une nouvelle ère s’ouvre pour moi. (Rire). Cela nous a permis de vraiment jouer et aborder nos morceaux pour l’album de manière sereine.

Gaël Maffre : Moi, non pas vraiment car à la base j’ai vraiment une démarche de production. En fait, je ne travaille pas du tout la scène comme je travaille le studio. Même pour les prises de contrebasse, c'était loin de ce que je faisais sur scène sur laquelle je joue du début à la fin un morceau. Là, je fonctionnais par petits bouts, que je rééditais, retravaillais, que je recollais...J’ai vraiment travaillé ça comme des samples, comme ça se passe souvent en électro...

Je crois savoir que vous avez des projets indépendamment l’un de l’autre, pouvez-vous nous en parler ?

Lisa Spada : Pour ma part, je suis dans un autre projet de composition qui s’appelle Nedjma, dont est à l'origine le pianiste Christophe Mondot. C’est un projet Hip Hop/Jazz. Je fais également partie de la chorale Gospel Pour 100 voix dont une tournée est prévue toute l’année. Çà va vraiment être marrant de partir sur les routes avec toute cette chorale dont font partis beaucoup de chanteurs du mouvement Soul.
J’ai également envie de monter comme je le disais précédemment un beau concert réunissant sur scène tous ces beaux artistes que j’ai rencontré ces dernières années pour mettre en avant ces magnifiques voix. Pour le moment c’est encore à l’état de projet et j’en reparlerai quand ce sera un peu plus avancé...Il y a aura sûrement une vingtaine de chanteurs sur scène accompagnés d’une dizaine de musiciens. Ca fera donc une trentaine de personne sur scène pendant tout le concert puisqu'il s’agira de monter une chorale sans que ce soit une chorale Gospel... Vous en saurez plus, un plus tard.

Gaël Maffre : De mon côté je relance mon collectif électro, le 175 Workshop avec pas mal de productions qui vont arriver dès septembre. Je suis d' autre part dans un projet qui s’appelle Op.9 qui est encore plus électro (Rire). C’est un projet de scène et de production sur lequel on travaille avec des danseurs contemporains, des chorégraphes. Il y a déjà pas mal de scènes qui commencent à se préparer. C'est en fait un projet multi disciplinaire avec de la vidéo sur scène, de la danse, basé sur de la musique électro sur lequel nous sommes deux à travailler avec Mikhael Gautier et sûrement des collaborations avec des musiciens qui font du Free-jazz et autre…

En tout cas, on vous souhaite vraiment beaucoup de succès ! Que peut on vous souhaitez pour la suite ?

Lisa Spada : Déjà merci à l’équipe de Onlygroove. Ce que l’on peut nous souhaiter ? Ce serait de faire plein de scènes encore et encore car j’adore ça !

Gaël Maffre : Merci Onlygroove ! Ce que tu nous as souhaité c’est déjà super et bravo pour le nouveau site qui est terrible !

Par Cathy.N
Publiée le samedi 6 septembre 2008

Posted by Publié par Soulmate à 01:47
Categories: Libellés :

 

0 commentaires: